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25 novembre 2009 3 25 /11 /novembre /2009 08:48

Il paraît que l’université d’Evry se lance dans la formation des maîtres !

 

La tentative avait déjà été esquissée l’an dernier, l’université d’Evry avait été une des seules à présenter un projet. Il avait heureusement fait pschitt…. En effet si le projet de formation en physique est sérieux et appuyé sur une longue expérience et des contenus, celui présenté par les sociologues du cru était à leur image, d’un creux abyssal.

Un dénommé Mispelblom avait même bricolé une soi-disante équipe de recherche avec des laissés pour compte et des vieux chevaux de retour : une jeune équipe de plus de 60 ans de moyenne d’âge ! Tout était bon pour espérer capter un flux d’étudiant et justifier des postes, des primes et autres avantages sans aucun souci ni du service public et encore moins de l’enseignement. Ses mentors d’Evry et du CNAM Paris ont sans doute jugé prudent de ne pas aller trop loin en exposant publiquement le néant de leur projet de recherche en "sciences (sic) de l'éducation"!

Comme l’université se relance dans l’aventure nous apporterons quelques contributions.

Nous commençons par ce petit débat éclairant qui montre la complexité des questions et celle de la réception du problème  par le monde étudiant actuel.

Nous poursuivrons par une rapide étude sur le niveau scolaire dans l’Essonne d’après les données ministérielles. Le département est déjà sinistré, faire former les maîtres par les sociologues d’Evry serait le ramener à l’époque de la pierre taillée[1].

Nous terminerons par la perception de la crise de la 19° section à partir de ses manifestations evryenne. Nous pensons en effet que c’est dans les parties les plus faibles du corps universitaire, la 19° en est une,  que se manifeste en premier  la crise du système que la politique de Pécresse révèle[2].

 

Débat sur diverses listes sur une question : Les études longues, c'est pas pour vous

Contributeur 1 A lire certaines interventions ou certains tracts, la durée des études est en passe de devenir le principal argument contre la mastérisation alors que c’est un aspect tout à fait secondaire du problème. Il suffit de tenir compte de l’âge moyen des candidats et de leur niveau de diplôme pour comprendre que les étudiants ont eux-mêmes anticipé une évolution inéluctable. Le projet gouvernemental ne fait qu’entériner cette réalité. Dire qu’il suffit d’une licence d’aujourd’hui pour passer le CAPES, c’est comme si on avait dit en 1950 qu’il suffisait du certificat d’études : 50 % d’une classe d’âge dans les deux cas. C’est au point que je finis par me demander si cette prolongation des études n’est pas le seul point positif de la mastérisation. Ceux qui s’insurgent sont, bien sûr, animés par les meilleures intentions du monde mais est-ce avec les bons sentiments qu’on fait de la bonne politique ?

Ils avaient aussi de très bons sentiments ceux qui, dans les années 30, refusaient d’ouvrir les lycées aux fils de pauvres. Les études longues, c’est pas pour vous. Contentez-vous du certif –  qu’on pouvait passer à l’époque dès l’âge de 11 ans. Il faut bien gagner votre vie le plus tôt possible, aller à l’usine ou à la mine à 12 ans, vos parents ont besoin de votre salaire pour alimenter la famille. Les pauvres sont pauvres, ils ont donc besoin d’argent, tel est l’ordre naturel des choses. Et pour cela une seule solution : le boulot, pas les études. Mutatis mutandis, n’est-ce pas ce qui se passe aujourd’hui avec le refus d’envisager que les plus démunis puissent entreprendre des études post-licence ? Que veut-on ? Réserver les masters à une petite élite de futurs thésards, issus des classes moyennes cultivées, avec qui on peut agréablement deviser d’un sujet de recherche ? C’est dégueulasse. Et en plus, suicidaire : car ceux qui imaginent que des masters avec 5 ou 6 inscrits en ont encore pour longtemps se mettent plusieurs doigts dans l’œil.

Tu va chercher tes exemples trop loin dans le passé, vont me dire certains, incapables de voir que le souci qu’ils manifestent envers les étudiants les plus pauvres relève du paternalisme et que le paternalisme est toujours de droite. Mais soit. Occupons nous du présent et ouvrons les yeux sur ce qui se passe, en ce moment même, dans les universités allemandes. Pourquoi les étudiants allemands sont-ils en grève ? Parce que Merkel veut RACCOURCIR la durée des études. Eh oui ! Car c’est en 2010 que les universités européennes passent au LMD. Bons petits soldats, les universitaires français sont allés au LMD la fleur au fusil en 2004. On leur avait dit que c’était une imposition européenne et ils l’ont cru parce qu’ils ont toujours été prêts à gober n’importe quel mensonge s’il leur évite d’avoir à réfléchir. C’est tellement fatigant de réfléchir, après il faut protester et on ne peut plus se consacrer à ses petits séminaires et à ses petits colloques où on se retrouve entre gens bien, loin du bruit et de la fureur du monde. Quand y a-t-il eu un mouvement des universitaires en France ? Jamais jusqu’à l’an dernier. Toutes les grèves, toutes les occupations et les manifestations qui ont agité l’université française depuis 1968 (y compris donc mai 68) ont toujours été le fait des étudiants. C’est pourquoi la mobilisation de l’an dernier était si exceptionnelle. Mais on a vite repris ses petites habitudes, ses petits séminaires et ses petits colloques, comme si on avait vécu un rêve étrange et qu’il fallait en sortir comme on sort des rêves : en retrouvant un sommeil paisible et réconfortant.

Or donc les universités européennes avaient jusqu’en 2010 pour s’aligner sur le modèle, voulu par la France, du LMD : une licence en 3 ans avec cette seule différence par rapport à l’ancien modèle français que la licence devenait un diplôme de premier cycle, l’équivalent d’un DEUG ou d’une ancienne propé. La « laurea » en 3 ans ? hurlèrent les étudiants italiens habitués à passer 6 ou 7 ans pour une « laurea » dont la durée officielle était de 4 ans. Elle aura lieu en 3 ans, répliqua Berlusconi qui voyait là une occasion en or de faire des économies sur le dos d’une université dont l’existence seule doit lui donner des boutons. Et les étudiants italiens furent battus. La licence en 3 ans ? hurlèrent il y a peu les étudiants espagnols habitués à une « licenciatura » en 5 ans, « tesis de licenciatura » (= maîtrise obligatoire) comprise. Au lieu d’un Berlusconi, ils avaient en face d’eux l’ectoplasme de Zapatero qui céda rapidement. Puisque la charte de Bologne laissait le choix (combien d’universitaires français le savent-ils ?), la licence durerait 4 ans, comme par le passé, et l’ancienne « tesis de licenciatura » serait appelée « master ». Autrement dit, rien ne changeait et TOUS les étudiants espagnols font un master. La licence en 3 ans ? hurlent les étudiants allemands, habitués à des études de 7 ou 8 ans dans la seule université du monde qui était restée une vraie université, c’est-à-dire un temple du savoir selon le modèle humboldtien. Mais c’est beaucoup trop pour Madame Merkel, qui n’en a rien à foutre de Humboldt et veut lancer sur le marché du travail des étudiants professionnalisés vite fait : en 3 ans.

On comprend mieux dans ce contexte que le SNES, renouant enfin avec sa tradition de défense des savoirs qui fut à l’origine de l’éclatement de la FEN, une défense des savoirs qui a toujours été de gauche contre la mouvance hétéroclite des « professionnalisateurs » de tout poil, on comprend mieux que le SNES donc, veuille faire du master un prérequis des concours. A-t-il pris le parti du gouvernement comme le lui reprochent ceux qui préfèrent les avantages du sommeil aux inconvénients de la lucidité ? Pas du tout puisque le gouvernement n’a jamais accepté ce schéma et s’obstine, en dépit de tout bon sens, à caser les concours dans les masters.

Socialement injuste, la prolongation de la durée des études ? Calembredaines.

Pe C….

Un grand merci à Virginie H pour son commentaire, bref mais expressif.

J'avais cependant oublié dans mon post un aspect des choses. Un collègue me le fait remarquer dans un courriel privé. La prolongation des études est une excellente chose pour les futurs professeurs, pour l'ensemble des étudiants et pour les collègues eux-mêmes qui, sans cela, vont se retrouver à enseigner en premier cycle une fois que leurs chers "masters-recherche" auront été fermés pour cause de non-rentabilité. Mais il va de soi que cette prolongation des études doit être accompagnée par des mesures spécifiques pour les étudiants les plus modestes : exonération des droits d'inscription, augmentation du nombre et du montant des bourses, offres de travail par des services ad hoc mis en place au sein de l'Université elle-même. Pour revenir encore une fois sur l'histoire de l'école en France, si méconnue par certains, il a fallu que le lycée devienne gratuit pour que les familles les plus démunies commencent à y envoyer leurs enfants.

Pe C….


Contributeur 2 V.H… a écrit :

MERCI

Contributeur 2 Ce que nous défendons en vérité, c'est l'"égalité effective des droits" à l'instruction.

Et le fait de devoir employer une expression aussi redondante (égalité des droits, égalité effective) tendrait à montrer que nous marchons sur la tête.

 

V. H….

 

Contributeur 3 Donc un question une seule. On dit que l'allongement est une bonne chose (reste l'à coté toutefois) et que on va s'engager sur cette voie tout en sachant très bien la réalité : les bourses se résorbent et vont continuer sur ce chemin, on fait disparaitre la rémunération de
la 5eme année du Bac+5 effectif des nouveaux enseignants et les droits d'inscriptions augmentent et sont appelés à augmenter encore davantage. Et en on appelle à un afflux d'argent qui n'arrivera pas !
N'est ce pas tirer une balle dans le pied des étudiants que de faire un pari que l'on sait d'avance perdu ? On aura pas plus de sous :
c'est une réalité avec laquelle il faut penser. De là vous pouvez faire la déduction sur qui accèdera à ces cursus.

Cordialement,
R Z…., étudiant Paris 12 - Créteil.
AGEC

PS : Vous parlez d'"offres de travail par des services ad hoc mis en place au sein de l'Université elle-même". C'est absolument inimaginable. Premièrement, ce sont des contrats de vacation extrêmement précaires qui entrainent de fait une inféodation à l'administration et l'anihilation de tout droit syndical. Ensuite, à l'université Paris 12, une camarade s'est retrouvée à faire de l'accueil des nouveaux étudiants... pour finir par remplacer la secrétaire du département d'Anglais en n'ayant absolument aucune compétence ni formation pour cela : elle a fait de la figuration.
Enfin, et c'est en lien avec le deuxième argument, c'est supprimer des postes statutaires, qui nécessitent une certaine formation et pérennité, par des emplois précaires : exactement vers quoi veut se diriger le gouvernement.

 

Contributeur 2 V.H Je déduis de votre remarque que puisque tous les futurs enseignants ne sont
pas en mesure de bénéficier d'une prolongation d'éudes - ce qui ne saurait être que bénéfique pour les élèves et l'ensemble de tout les professeurs - , il est préférable qu'aucun d'entre eux ne le doive.
Il y a quelque chose qui me chiffonne un peu d'un point de vue politique dans cette façon d'envisager les choses.
Par ailleurs, je ne pense pas qu'il faille trop cracher sur "des contrats de vacation
extrêmement précaires qui entrainent de fait une inféodation à l'administration" ... qui permettrait à des étudiants de poursuivre leurs études. Etre étudiant n'est
pas un métier, obtenir une bourse ou un tel contrat est donc davantage un
cadeau qu'un dû, et en tout cas préférable à un emploi chez MacDo.
Ce que j'essaie de dire par là n'est évidemment pas qu'il faille renoncer à des mesures destinées à aider les étudiants les plus modestes, mais que si ces derniers passent leur temps à se lamenter sur leur triste sort et à cracher dans la soupe, je vois franchement mal comment on peut s'en sortir.
Cordialement,
V H

 

Contributeur 1 Bonsoir,

Ce qu'on ne peut pas admettre, dans aucune circonstance, c'est que les cursus de master soient réservés à une élite sociale. Cela va beaucoup plus loin que le problème de la mastérisation des concours, c'est de tous les masters qu'il s'agit. La question essentielle est moins celle du coût des études elles-mêmes, qui n'est pas très élevé (pour le moment) en France si on le compare à ce qui se pratique dans d'autres pays, et où des exonérations sont possibles, que celle du logement. Quand un chambre de bonne à Paris se négocie à 500 euros ou plus, il est clair que chaque année d'études supplémentaire grève très lourdement le budget des étudiants. Et ce n'est pas seulement en Ile-de-France que la question se pose : il en va de même dans la plupart des villes de province. Il faut donc se mobiliser pour que l'Etat et les régions créent des dizaines de milliers de chambres en Cité U. Ce n'est pas aussi cher qu'on imagine et c'est un investissement nécessaire en infrastructures : la France a accumulé un retard considérable sur ce point.

Pour ce qui est des "offres de travail par des services ad hoc mis en place au sein de l'Université elle-même", je n'ai pas été assez clair. Je ne voulais pas parler d'emplois à l'intérieur de l'université mais de services universitaires consacrés à la prospection d'emplois pour les étudiants, faisant donc les recherches pour eux, garantissant les contrats, etc.

Cordialement
Pe C….

 

Contributeur 3 M. C…., nous nous sommes donc mal compris sur la question des
"offres de travail".

Concernant les masters : une hiérarchie sociale dans les études supérieures en France ? Bien évidemment. Mais toujours est-il que je ne suis pas sûr que l'aggraver dans le cas précis des concours d'enseignement soit une bonne idée. Avançons avec toutes les cartes en
main.
Sur les chambres de cité U, qui sont une vraie honte même quand elles existent, il existerait en parallèle avec le lancement de programmes de construction une solution de transition assez simple. La réquisition. Nous sommes aujourd'hui, au-delà du problème du logement étudiant, dans une situation immobilière aberrante. Il y a des immeubles dans Paris, tout à fait habitables, qui sont vidés par la RIVP
[3] (notamment) de ses habitants et murés ou barricadés dans l'attente qu'il se vide complètement afin de pouvoir le "revaloriser".
Réquisitionnons. Ce qui n'exempte pas de lancer une vraie politique de logement, en se souvenant des expériences passées, des défauts comme
des qualités.

Mme H…, n'était-ce pas vous qui nous parliez d'égalité ? Comment,
sous prétexte d'un allongement de la durée des études qui serait bénéficiaire pour tous sauf pour ceux la préparant, pouvez vous tenir une telle position, où vous assumez que les déterminations socio-économiques auront encore plus de poids dans la détermination
des futurs enseignants ? Oui, je maintiens, et c'est une ligne politique que vous pouvez suivre ou pas, mais il est difficile d'invoquer l'égalité et dans le même temps juger bon de s'en éloigner, que réformer en allongeant la durée d'études non-rémunérées (et je ne
parle même pas de toutes les autres scandales de cette "masterisation") c'est abaisser les exigences académiques et renforcer les exigences sociales.
Concernant les contrats de vacation (dont vous ne retenez qu'un seul argument, soit dit au passage), je suis scandalisé que vous présentiez l'emploi d'un étudiant comme un cadeau ! Merci Monsieur McDo de cet emploi ? Oh merci Madame Parisot pour ce travail ! On nage en plein absurde. Rien ne justifie que sous prétexte de son manque d'argent, un étudiant doive abandonner toute possibilité de vie associative ou syndicale sous peine que "sa fac lui coupe les vivres".
Il est extrêmement indécent d'accuser des étudiants qui ne demandent qu'à ce que leurs droits soient respectés de "cracher dans la soupe" ?
Les ouvriers qu'on fait bosser au 40 heures pour le prix de 35, ils crachent dans la soupe parce qu'ils sont bien heureux quand même finalement de garder leur job? Cette attitude porte un nom - dans le meileur des cas - : c'est le paternalisme, et on se désole que ces
pauvres pouilleux de ne se satisfasse pas de l'os qu'on leur laisse
ronger !
Salauds de pauvres !

R. Z…
[4]

Contributeur 2 M. Z..., je décrète qu'à partir de demain matin 6h, tous les pauvres seront
riches et que tous les étudiants étudieront dans de bonnes conditions.
En attendant, je vais me reposer.
Dieu.

 

 

……..



[1] L’éducation nationale n’est pas obligée de se comporter comme le PS de l’Essonne, si ce dernier en mettant le « sociologue » da Silva (formé à EVE et toutou de Valls) à sa tête choisit  le suicide. Comme l’eut dit ce bon Saint Simon, nous en serons triste  pour eux,  mais avec ou sans PS dans l’Essonne la vie politique continuera !  Mais sans jeunes formés il y a un risque !

[2] La fameuse crise de la CNU 19 nous en donne l’occasion

[3] Régie Immobilière de la Ville de Paris, la municipalité est de « gôche » Note YS

[4] Comme Beyle le faisait, je rappelle que le contributeur 3 est jeune, il est étudiant à Paris 12.

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