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19 novembre 2007 1 19 /11 /novembre /2007 10:07

Un article dAlain Caillé dans la revue MAUSS

Alain Caillé
Penser la crise de l’université (et de la recherche)

 

Éléments de réflexion et de questionnement en vue du numéro 32 de La Revue du MAUSS semestrielle

 

Dire que l’université française est en crise est un euphémisme [1]. Accueillant une bonne partie des élèves de l’enseignement supérieur, elle ne parvient à en diplômer qu’un pourcentage restreint. Par ailleurs les diplômes qu’elle leur délivre ont une valeur de plus en plus incertaine sur le marché de l’emploi, et ceci d’autant que l’enseignement secondaire et la recherche publique recrutent de moins en moins. Symétriquement, le niveau des universités françaises, tel qu’évalué selon les critères, à coup sûr discutables mais malgré tout parlants, auxquels recourent les classements internationaux, les met à la traîne de nombre de pays développés, voire émergents. Et la recherche française, dans presque tous les domaines, perd chaque année davantage de terrain. Dans cette dérive plus que préoccupante il faut se demander ce qui relève d’une crise générale de l’institution universitaire en général, de la place et du rôle du savoir et de l’intellectuel dans la société globalisée, et ce qui traduit un dysfonctionnement spécifique à la France.

Ces questions deviennent maintenant d’une urgence extrême et il est d’autant plus nécessaire de les poser ici en toute clarté et en toute radicalité qu’il n’est malheureusement possible de compter, pour avancer, ni sur des discours syndicaux, purement défensifs, ni sur des expertises gouvernementales dont personne ne sait ce qu’elles expertisent vraiment, au nom de quelle finalité et selon quels critères, et qui ont trop fait la preuve de leur capacité de nuisance – une réforme ou une expertise réformant l’autre ou la contre-expertisant d’une année sur l’autre. On aimerait donc que ce numéro de La Revue du Mauss soit, en liaison avec d’autres initiatives comparables, l’occasion et le moyen d’impulser un mouvement à la fois réflexif et pratique de la communauté universitaire elle-même. Soit, en effet, celle-ci parviendra à se prendre en mains et à se refonder, en assumant et en actualisant ce qu’elle a reçu en héritage, soit elle disparaîtra purement et simplement. Plus ou moins lentement, et plus ou moins explicitement. Or, tant qu’à faire que de disparaître, autant le faire avec panache et en livrant de beaux derniers combats. Et qui sait ?

La difficulté première à laquelle se trouve confrontée toute tentative de réflexion un peu sérieuse sur le destin actuel de nos universités est l’incroyable pénurie de données et d’analyses un peu précises sur la question. Et quand elles existent elles sont épouvantablement éclatées et dispersées. Voilà qui ne contribue pas peu à la fragmentation de la condition universitaire elle-même et à l’incroyable absence de sens de la communauté qui l’accompagne. Non seulement la grande majorité des enseignants-chercheurs se voue toujours plus au chacun pour soi (ma thèse, ma carrière, mon emploi du temps, ma liberté personnelle à sauvegarder avant tout), mais, face au déluge incessant des réformes, à la lutte des places et des statuts qui fait rage au sein de chaque établissement, à l’incertitude croissante sur les flux et sur les motivations des étudiants, chacun essaie de parer au plus pressé et de sauver ce qu’il peut, là où il est et dans l’urgence absolue. Et permanente. Ceux qui ne songent pas uniquement à eux et à leur carrière personnelle et qui ont encore peu ou prou le sens du collectif ne pensent plus qu’à sauver les meubles pour leur discipline, leur laboratoire, leur département ou leur université, presque toujours dans l’ignorance absolue de ce que font les collègues de la même discipline dans une autre université. Quant à ceux des autres disciplines….Et ne parlons pas de l’absence quasi-totale de comparaisons internationales systématiques.

Essayons donc, pour nous frayer un chemin à travers les pénombres de lister et de classer tout un ensemble de questions, adressées à la fois à nous-mêmes, aux contributeurs possibles de ce numéro et, au-delà, à l’ensemble des universitaires ou aux personnes intéressées par le sujet, l’idée étant de rassembler le plus d’informations et d’analyses possibles et, dans ce sillage, peut-être, de voir dans quelle mesure il est envisageable d’impulser ou de rejoindre un certain nombre d’initiatives concrètes.

Suite de l’article :

 

 

http://www.journaldumauss.net/spip.php?article210

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