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5 novembre 2010 5 05 /11 /novembre /2010 21:25
PETITION NATIONALE
POUR UNE CONTRACTUALISATION IMMEDIATE
DES VACATAIRES « HISTORIQUES »
DE L'UNIVERSITE DE STRASBOURG
APPEL A SOUTENIR LES ENSEIGNANTS VACATAIRES DE L'UNIVERSITE DE STRASBOURG !

 

"Agir ensemble pour une Université démocratique"
(SNESUP-FSU, SNASUB-FSU, SNCS-FSU, SUD Education UDS,
SNPREES-FO, SNTRS-CGT, SES-CGT)
SGEN-CFDT UDS,
UNEF STRASBOURG, SUD ETUDIANT STRASBOURG
et le collectif des enseignants contractuels et vacataires de l'UdS (CONVACS)

La précarité se développe de façon exponentielle dans les universités françaises, en particulier suite à l'utilisation dévoyée du statut de « vacataire » dans l'enseignement supérieur. À l'Université de Strasbourg, la longue lutte des chargés d'enseignement vacataires rencontre le refus de la présidence de contractualiser une vingtaine d'entre eux au 1er Janvier 2011, alors que leur situation correspond à des emplois d'enseignants contractuels sans contrat, ce que des recours en Tribunal Administratif confirmeront. Ils exercent tous dans notre établissement depuis de nombreuses années, ont tous des services importants (de 150 à 500 heures par an), sont compétents, soucieux du service public et continuent pourtant d'être traités comme les parias de l'université, avec des salaires indécents et des incertitudes quant à leur avenir. Une convention des personnels contractuels enseignants a été votée au Conseil d'Administration du 28 septembre. Elle permettrait de contractualiser les vacataires « historiques » de l'UdS, mais la présidence s'y refuse obstinément pour des raisons politiques et financières alors qu'une mesure de justice sociale est maintenant urgente.

Le collectif des Contractuels et Vacataires de l'UdS (CONVACS) appuyé par une très large intersyndicale, fait appel au SOUTIEN MASSIF des citoyens et de l'ensemble de la communauté de recherche et d'enseignement, de toutes celles et de tous ceux qui n'admettent plus aujourd'hui que la précarité l'emporte sur la solidarité.

En soutenant cet appel par votre signature vous demandez à la Présidence de l'Université de Strasbourg qu'elle prenne les mesures financières et administratives pour contractualiser les vacataires « historiques » de l'UdS au 1er janvier 2011.

Merci pour votre solidarité et votre soutien.

Soutiens nationaux : SLU (Sauvons l'Université), SLR (Sauvons la Recherche), Collectif PAPERA (Pour l'Abolition de la Précarité dans l'Enseignement Supérieur, la Recherche et Ailleurs) ...

PS : Nous demandons instamment aux personnels de l'Enseignement supérieur et de la recherche de bien vouloir signaler leur appartenance à ce secteur professionnel par la mention « ESR » dans la case « Profession » afin que nous puissions faire valoir auprès de la présidence de l'UdS l'ampleur du soutien de notre communauté à ses personnels précaires.

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5 novembre 2010 5 05 /11 /novembre /2010 21:16
Communiqués de presse

 Le 4 novembre 2010

Les organisations syndicales se félicitent du succès de la mobilisation des salariés du privé, du public et des jeunes le 28 octobre dernier alors que nous étions en pleine période de vacances scolaires et après le vote définitif de la loi sur les retraites au parlement.

La détermination des salariés qui ne faiblit pas depuis des mois, appuyée par l’opinion publique, démontre qu’il y a de nombreuses inquiétudes sociales, un refus de cette réforme des retraites et un profond mécontentement face à un gouvernement qui a choisi le passage en force.

Les organisations syndicales réaffirment leur détermination face à une réforme gouvernementale qui demeure injuste, inefficace, inacceptable et qui ne répond pas aux enjeux actuels. Elles confirment leur appel à une mobilisation massive samedi 6 novembre 2010 partout en France. Le gouvernement porte seul la responsabilité de la situation actuelle. Il doit entendre qu’un véritable débat sur le devenir des retraites reste indispensable.

Les organisations syndicales, comme les salariés, sont attachées au travail intersyndical qui perdure depuis deux ans et aux actions unitaires. Elles décident de poursuivre le travail commun sur l’emploi, les salaires, le pouvoir d’achat et les conditions de travail en actualisant leur déclaration commune du 29 janvier 2009.

En écho aux préoccupations des salariés, les organisations syndicales appellent d’ores et déjà à un nouveau rendez-vous national de mobilisation dans la semaine du 22 au 26 novembre dont les modalités et le contenu seront déterminés lors de la réunion du 8 novembre prochain.

 

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5 novembre 2010 5 05 /11 /novembre /2010 21:13

Pécresse relance la question de la carte universitaire et le Téléthon mis en cause, sale coup pour Evry.

 

 

Déclarations de Pécresse à l'Assemblée (26 octobre) :

"En même temps que nous cherchons à faire émerger des pôles universitaires à visibilité mondiale (PRES), nous souhaitons consolider les pôles universitaires de proximité (PUP). Nous travaillons ainsi à la mise en place d’un premier cycle universitaire fondamental qui réunirait les classes préparatoires, les classes de BTS, les IUT, les licences, jusqu’à la licence professionnelle, et aurait vocation à dynamiser l’enseignement supérieur dans les villes moyennes. C’est toute la logique de l’expérimentation en cours avec les BTS, du plan de
sauvegarde et de développement des IUT, du plan de développement des licences professionnelles, de la création de classes préparatoires dans des villes qui jusqu’à présent n’en avaient pas
. Nous avons besoin de ces pôles de proximité, qui seront des pôles de professionnalisation et devront travailler en réseau avec les grands centres universitaires
régionaux, dont ils seront une émanation.
Nous travaillons à l’élaboration des schémas universitaires régionaux avec les conseils régionaux, les préfets et les recteurs. Nous espérons pouvoir vous en rendre compte d’ici à la fin de l’année."

 

En gros il s’agit de simplifier la carte et de mettre en place le double réseau, quelques grands pôles ou des universités de ligue 1, la deuxième division etc.

Bref le modèle US, du RU ou le nouveau modèle allemand avec ses quelques grandes universités soutenues par le Bund. On peut aussi prendre le modèle du foot, plus familier à l’UMP que celui de la connaissance….

Compte tenu de sa situation géographique, de son bassin de recrutement, de sa structure, Evry a quelques raisons de se poser des questions.

Le sal coup  sur le Téléthon, conséquence de la campagne du sieur Bergé financier de la droite socialiste (Le jeune Valls est du lot) fragilise les laboratoires de recherche financés par l’AFM qui sont la vitrine du pôle universitaire. Ces derniers perdant une partie de leur  indépendance il sera facile à l’état de les inviter à déménager près d’un pôle universitaire plus puissant qu’Evry.

 

A suivre…..

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5 novembre 2010 5 05 /11 /novembre /2010 21:00
Ce n'est pas le moment de désespérer !

LEMONDE.FR | 05.11.10 | 10h11  •  Mis à jour le 05.11.10 | 11h51

Le mouvement ouvrier a trop connu de victoires muées en défaites pour ne pas célébrer une défaite qui a tous les aspects d'une victoire.

Certes la loi sur les retraites est votée, elle sera promulguée sous réserve de son approbation par le Conseil constitutionnel, puis inscrite dans le code de la sécurité sociale et les circulaires adressées à l'administration ; mais une loi n'est pas immuable et la réglementation des pensions de vieillesse est en perpétuelle mutation depuis un siècle. Plutôt que se lamenter sur ce qui serait un nouvel échec, il convient de tirer les enseignements sur ce qui est une étape marquée par la résurgence des conditions d'un syndicalisme de conquête. "Octobre 2010" signe la reprise de la marche en avant du progrès social.

Première satisfaction, les salariés se sont convaincus de leur force en mettant au premier plan la lutte économique écartant de grossières tentatives de récupération politique. Ils savent qu'ils peuvent bloquer le pays quand ils le décideront, agir de concert au-delà des corporatismes, et qu'aucune force ne peut leur résister. Pourquoi, les protestataires n'allèrent-ils pas plus loin, jusqu'au bout ? "Au bord du gouffre", comme l'écrit le sociologue Raymond Boudon dans Le Figaro du 29 octobre.

A quoi bon faire tomber le gouvernement ou même le président de la République sachant que l'alternative politique ne sera pas meilleure : la gauche, embourbée dans l'électoralisme, est sans projet, sans ambition sinon celle de ses leaders, politiquement peu sûrs et certainement prêts à rejouer la farce socialiste de 1981. Il est probablement plus efficace d'agir que de voter pour reconquérir les droits perdus, en gagner de nouveaux.

Deuxième raison d'y croire, les salariés tout en prenant conscience de leur capacité, ont mesuré que la limite de leur intervention tenait à leur insuffisante préparation pour prendre en main leur destinée. Les directions syndicales en ont profité pour brader le mouvement au moment où il fallait le relancer, le durcir. La mollesse des secrétaires confédéraux de la CGT et de la CFDT peut trouver une explication dans la loi du 20 août 2008 qui, en matière de représentativité syndicale, donne un avantage certain à leur organisation ; ce privilège de représentation consenti par le patronat et le gouvernement n'a-t-il pas pour prix le réalisme dont ils doivent faire preuve en faisant prévaloir "la démocratie sociale" sur le rapport de force ?

Ceci n'a pas échappé aux syndiqués et aux salariés qui ont tenté de les remettre à leur place statutaire : celle de coordinateurs des luttes et de représentants du mouvement, mais en aucune manière celle de dirigeants, de négociateurs sans mandat. L'action directe, telle que l'entendaient les fondateurs de la CGT, qui est d'agir sans intermédiaires sur ses propres décisions, prend tout son sens dans cette intention de la base des travailleurs ; l'Etat, le patronat et les bureaucraties syndicales s'en inquiètent.

Ce retour du syndicalisme révolutionnaire, patrimoine du syndicalisme français bien plus précieux et plus sûr qu'un compte de capitalisation épargne-retraite, n'est pas rien à l'aune de la détermination, de l'imagination, de la solidarité, de la responsabilité des grévistes et des manifestants, de leurs capacités autogestionnaires. Si "octobre 2010" permet, en outre, un renforcement des syndicats et de leur unité, on ne peut que s'en réjouir pour l'avenir social. Mais cela ne suffira pas s'ils ne développent pas, sous l'impulsion de leurs adhérents, un travail de réflexion, de formation, d'organisation et de développement du fédéralisme syndical.

Les détenteurs du pouvoir et du capital ont mis les moyens financiers, judiciaires, policiers et développé une propagande outrancière pour rétablir l'ordre nécessaire à leurs grandes et petites affaires, au confort aveugle des plus égoïstes de leur électorat. Les uns et les autres ont tort de se réjouir comme ils le font de ce qu'ils croient être un énième recul du mouvement ouvrier. Pendant qu'ils dorment, un paysan d'Amazonie, une couturière du Bengladesh, un éleveur du Sahel, une cantinière de Marseille font le rêve général d'un autre futur.

Pierre Bance, syndicaliste, journaliste indépendant

 

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23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 23:15

 

 


 
RETRAITES : APPEL A SOLIDARITÉ FINANCIÈRE AVEC LES GRÉVISTES

 

La mobilisation sociale contre la réforme des retraites prend de l’ampleur. Les manifestations, si massives et unitaires soient-elles, ne suffiront pas à faire reculer le pouvoir. Aussi les grévistes et les citoyens recherchent-ils d’autres modes d’action pour se faire entendre. L’adoption de la réforme par l’Assemblée et le Sénat n’y changera rien. Le vote par les parlementaires d’une réforme injuste et illégitime, contre la volonté populaire, est un inacceptable déni de démocratie.

 

Des salariés et des citoyens chaque jour plus nombreux entrent en résistance, dans l’Education nationale, les lycées et universités, la SNCF et les aéroports, les raffineries et les ports, le transport routier, dans d’innombrables grandes, moyennes et petites villes de France. Le blocage de l’économie devient possible.

 

Or, l’argent est le nerf de la guerre. Il faut aider les grévistes à tenir, pour gagner contre cette réforme injuste et scélérate. Ceux qui ne peuvent faire grève peuvent soutenir financièrement ceux qui la font, même modestement. Les initiatives, déjà nombreuses, doivent se multiplier.

 

Nous appelons chacun à envoyer sans attendre des dons aux syndicats qui mènent ces luttes.

 

Le site internet « Solidaires pour une grève efficace » (http://www.bizimugi.eu/grevesolidaire » recense déjà certaines de ces initiatives, et vous pouvez lui signaler celles que vous connaissez. Nous incitons également les citoyens opposés à cette réforme à contacter les syndicats de branche ou les unions locales qui leur sont proches.

 

Déjà, la Fédération Nationale des Industries Chimiques (FNIC-CGT, case 429, 263 rue de Paris, 93514-Montreuil), SUD-Chimie (6 rue Louis Blanc, 76000-Rouen), les syndicats de Total (Coordination CGT Total, Christine Kipfer, A0102, 24 cours Michelet, La Défense 10, 92069 Paris La Défense Cedex), (SUD-Rail (17 bd de la Libération, 93200-Saint-Denis), la CGT-Cheminots (263 rue de Paris, 93514-Montreuil), la CFDT Route (FGTE-CFDT-UFR, 47-49 avenue Simon Bolivar, 75019-Paris), font appel à cette solidarité citoyenne.

 

Tous ensemble, nous pouvons mettre en échec l’arrogance et le mépris de ce gouvernement.

 

Le 21 octobre 2010. Des militants de diverses organisations syndicales, associatives et politiques de gauche, dont : Clémentine AUTAIN (FASE), Jean-Jacques BOISLAROUSSIE (Alternatifs), Benoît BORRITS (Alternatifs), Pierre CONCIALDI (ATTAC), Marie COSNAY, Thomas COUTROT (ATTAC), Leïla CHAIBI (l’Appel et la Pioche), Michel HUSSON (ATTAC), Jean-Vincent JEHANNO (Conseiller Régional Rhône-Alpes PG), Adrien KEMPF (« Grève solidaire »), Christine KIPFER (Coordination CGT Total), Frédéric LORDON (ATTAC), Abdel MABROUKI (Stop Précarité), Xavier MARCHAND (FASE), André MARTIN (co-animateur du site http://www.retraites-enjeux-debats.org/), Evelyne PERRIN (AC !, FASE)…

 

Autres sites

http://solidarites.soutiens.org/

 

Au-delà des collectes locales qui s'organisent, différentes initiatives nationales permettent d'adresser des dons en toute fiabilité.

Solidaires a mis en place:

http://www.solidaires.org/article33397.html

 

 

 

Site faisant une synthèse

 

http://www.bizimugi.eu/grevesolidaire/

 

 

Clermont-Ferrand le soutien financier des grévistes s'organise
Voir le texte d'appel ci-dessous :


Un exemple :Comité de Solidarité Interprofessionnelle
de l'Université Blaise Pascal de Clermont

 


http://solidarite.interpro.free.fr/

 
Dans plusieurs secteurs de la région (cheminots, territoriaux, chimie, postiers, ...)
des salarié(e)s sont en grève reconductible, parfois depuis plus d'une semaine, pour le
retrait du projet de réforme des retraites.


Lors de leur Assemblée Générale tenue le lundi 18 octobre, les personnels de
l'Université Blaise Pascal ont décidé à l'unanimité des présents la création d'un Comité
de Solidarité Interprofessionnelle. Ce comité rassemble des représentants des
organisations syndicales (SGEN-CFDT, SNESup-FSU, SUD Education-Solidaires, UNSA
Éducation) et des personnes non syndiquées. Il a pour objectif de rassembler des fonds
afin de soutenir les grévistes de tous les secteurs de la production engagés dans un
mouvement durable, et de les aider ainsi à tenir dans ce combat partagé.


Il ne s'agit pas de se substituer à l'action propre des universitaires contre le projet,
mais de la compléter : nous rappelons que la meilleure solidarité dont nous pourrons
faire preuve dans cette lutte, c'est d'entrer dans la grève à notre tour.


Le comité fera des propositions d'affectation des fonds recueillis à l'Assemblée
générale des donataires qui se réunira régulièrement.


Nous appelons à envoyer vos dons par chèque :
accompagné de la mention : Caisse de Solidarité Interprofessionnelle de l'UBP à l'ordre
de : La Banque Postale - Section Snesup Clermont 0674935 G 024 à l'adresse : Pierre
Bernard, Laboratoire de Mathématiques, Campus des Cézeaux, BP 80026, 63171 Aubière Cedex


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23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 23:07
 Analyses

source http://www.mediapart.fr/journal/france/201010/lheure-du-peuple

L'heure du peuple, Edwy Plenel

Où va la France ? Nul ne le sait, et les journalistes pas plus que les acteurs de l'actuel mouvement social. C'est une histoire non écrite qui s'invente au jour le jour, de rendez-vous en rendez-vous, de manifestations en grèves. Le pays se sent confusément au seuil de l'imprévu et de l'inattendu, pour le meilleur ou pour le pire, entre extension et reflux, surprise, accident ou épuisement. Depuis les premiers défilés du 4 et du 7 septembre, chacun sent bien que nous vivons l'un de ces moments où le peuple, dans sa diversité d'âge et de condition, entend faire valoir ses droits légitimes contre une légalité illusoire.

La démocratie est de son côté, sur l'asphalte des rues, dans les établissements scolaires ou dans les lieux de travail. Car la démocratie véritable suppose sa présence active. Elle n'est pas ce silence forcé auquel on voudrait le contraindre cinq ans durant, en le laissant seulement choisir, d'élection en élection présidentielle, un maître intouchable avant de l'obliger à retourner en servitude. En tentant de dérégler l'agenda que voudrait lui imposer autoritairement le pouvoir, le peuple défend donc bien plus que ses droits acquis. Il dit, tout simplement, qu'on ne décide pas de son sort sans le consulter. Qu'on ne modifie pas ses conditions de vie sans l'écouter. Qu'on ne lui impose pas des priorités dont il ne veut pas.

C'est ainsi toute la société qui gronde, consciente de l'enjeu symbolique de la bataille des retraites. Sera-t-elle abaissée et humiliée par un pouvoir arrogant qui diffuse peur et défiance, insécurités et divisions, pour mieux imposer les intérêts d'une minorité oligarchique ? Ou bien sera-t-elle relevée et rehaussée par sa propre volonté rassemblée, retrouvant confiance en elle-même afin d'imposer les exigences du plus grand nombre contre les privilèges de quelques-uns ? Deux interrogations qui n'excluent pas un troisième scénario : une société apparemment défaite mais secrètement victorieuse, offrant à ce pouvoir aveugle une victoire à la Pyrrhus tandis qu'elle entrerait durablement et profondément en dissidence, patiemment et paisiblement réfractaire.

Entre ces incertitudes, c'est le temps qui fera la décision. Non pas le temps comme durée ou impatience, mais le temps comme maîtrise et exigence. Trois temporalités s'affrontent ici.

Celle du pouvoir d'aujourd'hui, cette hyperprésidence césariste dont le temps est celui de l'urgence : que sa volonté passe, à tout prix, au plus vite, fût-ce en force et avec violence.

Celle du pouvoir de remplacement, cette opposition socialiste dont le temps est celui de l'attente : que rendez-vous soit pris avec elle pour 2012, sans précipitation ni radicalisation, en lui faisant crédit sans compter.

Celle, enfin, de ce peuple qui manifeste et proteste avec constance, dont le temps est plus essentiellement celui de la vie, de la vie vécue, de la vie sensible, de la vie partagée : que ses vies concrètes, au travail, à l'école et en famille, entre générations, entre voisins et entre collègues, soient défendues, protégées et améliorées ici et maintenant. Ce peuple-là sait bien qu'il ne doit compter que sur lui-même : ce qu'il réussira à prendre ou à sauver le garantira bien plus que des promesses lointaines et, d'expérience vécue, souvent illusoires.

Le temps des manifestations contre l'agenda de Mrs Tina

Le rêve de tout pouvoir, et encore plus d'un pouvoir sans partage comme celui que nous impose notre présidentialisme déséquilibré, est d'être l'horloger de la société. De l'identité nationale aux discours insécuritaires, en passant par la xénophobie d'Etat et par la contre-réforme des retraites, l'habileté de Nicolas Sarkozy a toujours le même ressort : nous imposer son agenda partisan, entre idéologie conservatrice et intérêts de classe.

Or c'est cette horloge que dérègle l'actuel mouvement social, en cherchant à imposer son propre temps discordant, imprévisible et dissident. Polysémique et pluraliste, il se rassemble autour des retraites, non seulement par intérêt matériel bien compris, mais aussi par intelligence du moment : c'est en refusant par principe un agenda imposé par le pouvoir qu'on déréglera sa machine à produire plus d'injustice, de domination et de soumission.

Confusément, sans porte-parole unique ni direction politique, le peuple tente d'imposer d'autres priorités, d'autres nécessités. Le réalisme est de son côté, tandis que la fiction est l'arme du pouvoir. Il a compris que ce dernier entend faire payer la note de la crise par les plus modestes. Il sait que le gouvernement préfère tailler dans les dépenses sociales plutôt que taxer les richesses financières. Il sent que les raisonnements budgétaires, entre déficits et dettes, masquent une politique socialement injuste sous leur expertise obscure et verbeuse. Sans avoir entendu l'aveu candide du milliardaire américain
Warren Buffett à CNN en mai 2005, il se doute déjà que c'est bien cela qui se joue : « Il y a une guerre des classes, c'est un fait, mais c'est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner. »

Nul hasard évidemment si cette citation se trouve en exergue du
livre récent des sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Le Président des riches (Zones, 2010). Nul hasard non plus si, au tout début de la présidence de Nicolas Sarkozy, l'un des porte-voix du patronat, Denis Kessler, doté d'un franc cynisme, lâchait un aveu semblable, créditant le nouveau régime de vouloir « défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance » et, au fond, prendre ainsi une revanche historique sur le Front populaire de 1936 dont les idéaux inaccomplis inspirèrent nombre des réformes de 1945. Nul hasard enfin si, dans un lapsus à répétition, le patron des députés UMP, Jean-François Copé, a régulièrement exprimé sa crainte d'une France saisie par « une tentation de la nuit du 4 août dont il faut se débarrasser » (en 2009), voire d'une « ambiance malsaine de nuit du 4 août » (en juin 2010). Oui, cette nuit du 4 août 1789 qui pourtant marque le début de la fin de l'Ancien Régime avec l'abolition des privilèges. Ils ne se cachent donc pas de craindre pour leurs privilèges. Et s'ils ont peur du peuple, c'est parce qu'il n'est pas dupe de leurs intentions.

Car, toutes générations confondues, il sait que l'affaire des retraites n'est pas une question comptable mais un enjeu de société. En prétendant, contre toute rationalité économique, qu'il n'y aurait qu'une seule solution pour préserver les pensions, celle de contraindre les salariés à travailler et à cotiser plus longtemps, le pouvoir n'entend pas défendre nos retraites mais attaquer nos sécurités. Autrement dit nous mettre en insécurité, fragilité et dépendance.

A l'inverse,
le sociologue Robert Castel, meilleur analyste de nos sécurités sociales, n'a cessé de rappeler que la protection sociale est la condition d'une démocratie réelle, d'une démocratie d'égaux, sans privilégiés justement : « La protection sociale est la condition de possibilité pour former une société de semblables : un type de formation sociale au sein de laquelle nul n'est exclu parce que chacun dispose des ressources et des droits nécessaires pour entretenir des relations d'interdépendance (et pas seulement de dépendance) avec tous. C'est une définition possible de la citoyenneté sociale. C'est aussi une formulation sociologique de ce qu'en termes politiques on nomme une démocratie » (L'Insécurité sociale, Seuil, 2003).

Comme la lettre volée de
la nouvelle d'Edgar Poe, placée en évidence sur la cheminée, la vérité de la situation n'échappe qu'à ceux qui se laissent aveugler. Et c'est bien là le message du mouvement social : ne plus se laisser avoir, ne plus se laisser faire, ne plus se laisser tromper. D'où cette méfiance récurrente envers les médias dominants, au risque de confondre les journalistes avec leurs employeurs, tant leur responsabilité est grande dans ce moment particulier. Car ils ont le pouvoir de nommer les choses et, par conséquent, de nous tromper en les parant d'atours mensongers, très loin du réel et tout près de l'idéologie. Réforme ou contre-réforme ? Discours sécuritaire ou propos incendiaires ? Identité nationale ou pédagogie xénophobe ? Dans la filiation de George Orwell, l'auteur de 1984 qui avait démasqué la novlangue des dominations modernes, le collectif « Les mots sont importants » met en garde, à juste titre, contre ces lieux communs du langage médiatique où se donne à voir une « euphémisation de la violence des dominants » associée à une « hyperbolisation de la violence des dominé-e-s ».

« L'euphémisation consiste, étymologiquement, à positiver du négatif,
rappellent ses initiateurs, Sylvie Tissot et Pierre Tevanian. Dans la sphère politique, elle consiste à essentiellement occulter, minimiser, relativiser et justifier une violence » (Les mots sont importants 2000-2010, Libertalia, 2010). Ainsi ne parlera-t-on que de réforme, de modernisation, d'assouplissement, etc., quand le droit du travail est affaibli, la protection sociale réduite et tel service public privatisé. A l'inverse, la révolte de ceux qui subissent ces mesures sera qualifiée de conservatisme, de corporatisme et de crispation, voire de provocation.

Les éditoriaux des médias dominants sont actuellement encombrés de ces raisonnements automatiques qui font fi des expertises syndicales ou associatives, vulgate dont le dernier exemple en date fut offert par
l'actuel directeur du Monde. « There is no alternative », avait l'habitude de dire Margaret Thatcher pour justifier sa contre-réforme néo-libérale, ce qui lui valut chez ses opposants le surnom de Mrs Tina. Il n'y a pas d'autre solution, ne cessent de répéter après elle ses équivalents français, adhérents tacites de ce « cercle de la raison » qui unit droite et gauche supposées gestionnaires... dans leur irrationalité et leur irresponsabilité.--

La priorité à l'emploi contre la diversion des retraites

Car, entre-temps, une démonstration cinglante est survenue avec cette troisième crise historique du capitalisme dont nous sommes loin d'être sortis, aussi ample et profonde que celles de 1857 et de 1929. Le bilan de ces politiques sans alternative, ou plutôt niant toute alternative, est là : des richesses dilapidées, des inégalités accrues, un chômage en hausse, des sociétés affaiblies, des peuples inquiets, des pays désindustrialisés, des économies fragilisées, etc. Au grand dam des excellents « économistes atterrés », qui refusent de tourner la page de cette démonstration radicale toujours inaudible dans les discours dominants, Mrs Tina est donc de retour, en version tricolore. Elle l'est en fait depuis le début de ce feuilleton des retraites, depuis qu'au printemps dernier, le piège d'un agenda présidentiel aussi soudain qu'impatient s'est refermé sur des directions syndicales trop consentantes et sur une opposition socialiste trop complaisante.

En effet, en quoi les retraites étaient-elles l'urgence du moment ? Pourquoi fallait-il, toutes autres affaires cessantes, sur un dossier si complexe, trancher si vite, dans un calendrier si serré qui présageait de l'humiliation finale du Parlement via la censure de fait de l'opposition ? Comment en est-on venu à imposer à tout un pays de débattre d'un futur incertain – le fameux « trou » des retraites – sans aucunement discuter d'un présent évident – le chômage et la crise ?

Ce que la protestation actuelle s'efforce de nous faire comprendre, c'est que l'agenda présidentiel des retraites était en lui-même un piège. D'emblée, la méthode choisie fut celle de la revanche symbolique contre les syndicats et la gauche, plutôt que celle d'une recherche du compromis ou du consensus. Dans ses procédés (ce calendrier en forme de déclaration de guerre), comme dans ses objectifs (cet isolement d'un dossier pourtant indissociable de celui de l'emploi), cette offensive tenait du calcul partisan plutôt que de la responsabilité politique.

Car ce sont bien les emplois qui font les retraites et ce sont bien les actifs qui financent les pensions. Comment cette évidence a-t-elle pu disparaître à ce point du débat public alors que la France connaît un taux de non-emploi des moins de 25 ans qui bat des records en Europe ? Pourquoi ne pas avoir fait des mesures pour l'emploi des jeunes un préalable à toute discussion sur l'avenir des retraites ? Autrement dit, ce que rappelle le mouvement social aux directions syndicales comme à l'opposition parlementaire, c'est que, pour porter une alternative crédible, il faut d'abord être capable de promouvoir un agenda différent de celui du pouvoir, d'imposer dans la société un raisonnement qui ne soit pas pris au piège des préjugés gouvernementaux.

Aujourd'hui, l'emploi devrait être la question centrale d'une République authentiquement sociale. Le nombre des inscrits au Pôle emploi a augmenté de 1,1 million entre juillet 2008 et juillet 2010. Avec 4,6 millions d'inscrits, soit un actif sur six, le record enregistré il y a treize ans, en 1997, est battu. Les inscrits au Pôle emploi qui n'ont pas travaillé du tout étaient 2,7 millions en juillet dernier, soit un actif sur dix. Quant au nombre de chômeurs de longue durée, il ne cesse de croître, atteignant plus de 1,4 million, soit un actif sur vingt. Les plus touchés sont les ouvriers, mais les employés ont vu leur nombre de chômeurs augmenter d'un quart en deux ans, tandis que les jeunes de 15 à 24 ans sont évidemment les premières victimes de la crise.

A cette priorité de l'emploi, que l'offensive sur les retraites avait pour objet de reléguer au second plan, s'ajoute la question de la répartition des richesses, spectaculairement illustrée par l'affaire Bettencourt, durant l'été. Liliane Bettencourt gagne 550 euros par minute sans rien faire tandis que la moitié des salariés du pays gagnent moins de 1500 euros par mois. Toute la machinerie idéologique mise en œuvre voudrait faire porter aux travailleurs la responsabilité des déficits publics et, ainsi, évacuer toute interrogation sur une politique immensément favorable, depuis dix ans, aux plus fortunés. Tandis que le poids des dépenses publiques dans le PIB français restait stable (de 52% en 1985 à 53% en 2008), en revanche les politiques de réduction d'impôt mises en œuvre n'ont cessé d'appauvrir l'Etat, dans des montants astronomiques confirmés par le député UMP Gilles Carrez et détaillés par Mediapart.

Tandis qu'ainsi, certains s'enrichissent en dormant, sans faire grossir la richesse collective, le travail des Français restait parmi l'un des plus productifs au monde en 2009, seulement devancé par l'Irlande et le Danemark, comme le rappelle le dossier d'octobre d'Alternatives économiques, consacré à juste titre au chômage. Selon les calculs du mensuel, chaque Français qui occupe un emploi a produit l'an dernier 5% de richesses de plus qu'un Américain, 19% de plus qu'un Italien, 21% de plus qu'un Allemand et 28% de plus qu'un Britannique. La France cumule donc ce paradoxe d'être à la fois l'un des pays où ceux qui ont un emploi produisent le plus de richesses et où le nombre de demandeurs d'emploi est le plus élevé. C'est aussi, contrairement aux fredaines officielles, l'un des pays fiscalement les plus favorables aux plus fortunés dont le taux d'épargne est un des plus élevés au monde.

Notre droit à avoir des droits contre leurs privilèges

Partage des richesses, partage du travail, relance plutôt qu'austérité, confiance au lieu de défiance, solidarité contre inégalité : les quelques données ci-dessus rappelées suffisent à indiquer d'autres priorités, d'autres raisonnements, d'autres solutions que celles aujourd'hui imposées au pays par le pouvoir. Dans un ouvrage très pédagogique, L'Enjeu des retraites (La Dispute, 2010), le chercheur Bernard Friot les détaille minutieusement, déconstruisant avec méthode tout l'argumentaire des prétendus réformateurs.

« Pourquoi ne sauve-t-on pas les retraites de la même manière qu'on a sauvé les banques ? demande-t-il ingénument. On vient de sauver les banques en leur donnant de l'argent, beaucoup d'argent d'ailleurs, tandis que, pour "sauver" les retraites, depuis vingt ans, on ne fait que leur ôter de l'argent, principalement par le gel du taux des cotisations patronales. N'est-ce pas étrange ? (...) Sauver par la saignée : Molière nous a appris à nous méfier de ces dangereux médecins et de leurs prétendus remèdes. D'autant plus qu'il y a trente ans que cette thérapeutique dure et que nous voyons bien que ces sauvetages ne sauvent que les actionnaires. »

Ce livre met à nu l'irrationalité de la réforme et, surtout, combien elle fait l'impasse sur les retraités eux-mêmes, leur rôle dans la société, leur contribution à la solidarité, leur rapport au travail. Sur Mediapart, Mathieu Magnaudeix a tôt détaillé les cinq grandes injustices d'une réforme qui taxe beaucoup le travail, très peu le capital ; qui occulte les inégalités d'espérances de vie ; qui pénalise les femmes et les plus modestes ; qui risque d'aggraver les conditions de travail ; et qui, enfin, fait un tri arbitraire entre les pénibilités.

Il faut sans doute y ajouter le déni de la retraite elle-même comme réussite sociale, épanouissement d'activités choisies, occasion d'entraides inter-générationnelles, invention d'une seconde vie libérée d'anciennes servitudes et contraintes, don à la collectivité de son temps libre, engagement dans le tissu associatif, etc.

On prête à la ministre de l'économie, Christine Lagarde, ce cri du cœur pour justifier l'obligation de rechercher un emploi faite désormais aux chômeurs de plus de 57 ans : « Mais, enfin, on n'est pas fichu à 57 ans ! » Comme s'il fallait être fichu, abîmé, blessé, épuisé, pas loin du cercueil, etc., pour avoir droit à la retraite et, ainsi, bénéficier de cette seconde vie qui, l'allongement de l'espérance de vie aidant, ne signifie aucunement un retrait de la société ! Sans doute inconsciente, cette morgue sociale exprime l'impensé profond de l'offensive gouvernementale : en culpabilisant ainsi ceux qui n'ont d'autre richesse que leur travail, une vie de travail dont la retraite est l'une des récompenses, c'est en fait notre droit d'avoir des droits que met en cause ce pouvoir.

Sa contre-réforme tourne le dos à la philosophie du « droit naturel » qui, depuis le dix-huitième siècle, a nourri l'espérance démocratique et sociale : cette idée que l'homme a naturellement des droits, tout simplement parce qu'il est homme et que « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » (Article 1 de la Déclaration des droits de l'homme de 1789). Des droits donc, droit au travail, droit à la santé, droit à l'éducation, droit au repos, droit au logement, droit à la libre circulation, droit d'expression et d'opinion, etc. Des droits naturels, pas des droits conditionnels.

Dans la diversité de ses situations, le peuple qui s'ébranle a compris cet enjeu. On se tromperait en effet et, notamment, l'on ne comprendrait rien à l'irruption de cet acteur improbable qu'est le mouvement lycéen, si l'on voulait réduire l'actuelle protestation dont les retraites sont le point de ralliement à cette seule question. C'est une protestation bien plus vaste et profonde qui s'exprime, venue de tous les secteurs touchés par les dégâts des régressions en cours : non seulement l'éducation, mais aussi la santé, la justice, l'habitat, les territoires, l'immigration, les services publics, le transport, les équipements collectifs, etc. Partout, les revendications sont latentes tant les conditions de travail se sont dégradées. Partout, des colères rentrées cherchent l'occasion de s'affirmer. Partout, des humiliations accumulées espèrent leur revanche.

Le temps de la démocratie contre le présidentialisme

Pour l'opposition socialiste, qui prétend succéder à ce pouvoir d'ici un an et demi, ce paysage devrait être réjouissant. Or, loin de se saisir de cette opportunité, on sent la majorité du Parti socialiste prudente, voire méfiante. Certes, elle accompagne le mouvement, mais s'abrite derrière les directions syndicales alors même qu'elles sont elles-mêmes impuissantes à faire céder le pouvoir et à trouver une issue à la crise. Laissant les mobilisations se succéder sans chercher à leur offrir une perspective politique, le PS s'est empressé de mettre en garde contre la radicalisation et, à la vérité, renvoie le présent au futur : l'élection présidentielle de 2012.

Son attentisme est à la fois de conviction et d'opportunité : parti d'élus et non plus de masse, il s'alarme spontanément au spectacle de la rue manifestante, dans la mesure où elle est imprévisible et incontrôlable ; parti converti au présidentialisme bonapartiste, il a renvoyé à ses « primaires » de l'été 2011 l'arbitrage de ses compétitions internes.

En d'autres termes, tout cela vient trop tôt et il n'est pas encore prêt. A tel point que sa première secrétaire se comporte plus en syndic de la diversité socialiste qu'en leader d'une opposition de gauche rassemblée. A tel point, de plus, qu'au bout de trois ans et demi de présidence sarkozyste, cet inévitable parti central ou charnière de la gauche qu'est le PS n'a jamais cherché à réunir ou organiser un front commun unitaire des oppositions politiques.

Le PS prend ainsi le risque de se comporter avec une mentalité de propriétaire, comme si le pouvoir allait lui revenir naturellement sans qu'il fasse d'effort sur lui-même et auprès de la société. Il attend, et espère que le peuple voudra bien attendre avec lui, au point de lui demander d'arbitrer ses rivalités intestines en ouvrant largement le collège électoral du choix de son candidat. Mais c'est un pari discutable de croire que ledit peuple n'a pas de mémoire. De mémoire immédiate, d'abord : le moment venu, il se souviendra de ceux qui se seront vraiment opposés, sans relâche ni compromis, sans hésitations ni précautions, à cette hyperprésidence. De mémoire longue, ensuite : d'instinct, il sait bien que cette exacerbation de la crise démocratique française dont le sarkozysme est à la fois l'instrument et le produit a une histoire, dont les gouvernants socialistes d'hier sont aussi comptables. Bref, le peuple n'est pas incapable de faire lui-même l'inventaire, et notamment parmi ceux qui, justement, n'auront pas fait leur propre travail d'inventaire.

L'aile gauche du PS n'est certes pas insensible à ces arguments, et l'on sent qu'elle tente, ces jours-ci, d'ébranler sa lourde machine partisane. A l'opposé, le discours le plus symptomatique du conservatisme socialiste est aujourd'hui tenu par François Hollande qui, en ces temps de protestation sociale, a bizarrement fait de l'anti-sarkozysme sa cible politique favorite. L'ancien premier secrétaire du PS lors des deux dernières défaites présidentielles, celles de 2002 et de 2007, n'a de cesse de fustiger cette « paresse » ou cette « facilité » que serait l'anti-sarkozysme, posture, ajoutait-il le 26 septembre sur RTL, « à la portée du premier venu ».

Pourtant, c'est ne pas voir, ou plutôt se refuser à voir, que l'anti-sarkozysme populaire n'est pas une négation, mais une exigence. Que, loin d'exprimer seulement un refus, il affirme le désir de réponses radicalement nouvelles, et non plus la répétition de recettes éculées. La critique active, par la société elle-même, de cette présidence met la barre haut, qu'il s'agisse des pratiques démocratiques (un présidentialisme sans contrôle), des questions sociales (une politique de classe) ou des sujets internationaux (le refus du monde).

Or, à l'exception des questions fiscales dont François Hollande est un spécialiste indéniable, on attend toujours, dans ces trois domaines, les propositions concrètes des socialistes marquant une véritable rupture avec non seulement ce que nous subissons depuis 2007, mais aussi avec ce que nous avons vécu depuis que le PS revendique « une culture de gouvernement » qui, dans les faits, a souvent signifié sinon sa conversion à l'ordre existant, du moins son accommodement ou son arrangement avec le monde tel qu'il va, injuste et inégal.

Grand corps sans tête, le mouvement social actuel est confusément animé par l'espoir d'une opposition déterminée, témoignant d'une altérité véritable avec l'oligarchie sociale qui, aujourd'hui, prétend régenter notre République. Car ce que nous donne à voir cette présidence, dans toutes ses pratiques comme dans tous les domaines, c'est la confiscation du bien commun par une minorité qui, au croisement des mondes financiers et politiques, se croit au-dessus du peuple, plus compétente que lui, plus experte et plus clairvoyante, plus à même de choisir à sa place son avenir et de le conduire là où, sans doute, il ne voudrait pas aller. S'ils ont peur du peuple, c'est parce qu'au fond, ils n'aiment pas la démocratie, ce régime où n'importe qui peut prétendre s'exprimer, voter, se faire élire, voire gouverner, sans privilège de fortune, de naissance ou de diplôme. Tel est le scandale démocratique qu'ils veulent conjurer, en instituant durablement les nouveaux privilèges d'une oligarchie de la possession, de l'avoir et du pouvoir.

L'heure du peuple, c'est donc le temps de la démocratie. D'une démocratie vivante et réjouissante, inventive et curieuse, égalitaire et solidaire. D'une démocratie qui n'attend pas.

AFP/FRED DUFOUR

Paris, le 20 octobre2010.

Le mouvement contre la réforme des retraites peut-il durer ? Alors que commencent des vacances de la Toussaint perturbées par les blocages de raffineries et de dépôts de carburants, les syndicats appellent à des mobilisations les 28 octobre et 6 novembre. Et des blocages pourraient continuer pendant les vacances.

Une "grève par procuration", comme en 1995 ? Organisé par des groupes de militants qui rassemblent des syndicalistes de divers secteurs, les blocages se poursuivent même si le taux de grévistes reste faible. Cette persistance depuis début septembre fait penser au mouvement de l'hiver 1995, analyse le sociologue Philippe Corcuff : "Un secteur minoritaire de la population est en grève, il y a une mobilisation massive dans les manifestations et un soutien très large dans la population." Et de rappeler ce que le politologue Stéphane Rozès avait qualifié en 1995 de "grève par procuration". Ceux qui sont mobilisés aujourd'hui le font "pour" les salariés qui ne peuvent pas faire grève pour des raisons financières ou parce que leur secteur n'est pas mobilisé.

Président de la société de conseil Cap et enseignant à Sciences Po, Stéphane Rozès explique aujourd'hui que le même phénomène est à l'œuvre, mais que sa nature est différente. "En 1995, au travers du mouvement social, les Français envoyaient un message à [Jacques] Chirac. Aujourd'hui, ils disent qu'ils souhaitent une réforme des retraites mais jugent le contenu de celle du gouvernement injuste et inefficace. Ils se servent des sondages pour exprimer leur soutien au mouvement social." Vendredi 22 octobre, un sondage BVA rapportait que 69 % des Français étaient solidaires du mouvement et 46 % soutenaient le blocage des raffineries.

Le parallèle avec 1995 s'arrête pourtant assez vite, estime Guy Groux, directeur de recherche du CNRS au Centre de recherches politiques de Sciences Po et spécialiste du syndicalisme. "En 1995, la totalité de la SNCF et de la RATP était en grève, on avait le sentiment d'une économie à l'arrêt, et surtout les taux de grévistes étaient beaucoup plus élevés", analyse-t-il, soulignant que "la situation politique était également différente : l'hiver 1995 arrivait six mois après l'élection de Chirac, alors qu'en 2010, nous sommes déjà dans la préparation de la présidentielle de 2012 pour Nicolas Sarkozy".

Un mouvement multiforme. Comparer le mouvement avec mai 1968 n'est pas non plus pertinent, prévient Lilian Mathieu, sociologue et auteur de Comment lutter ? (Textuel). "En 1968, on a une grève générale de longue durée, ce qui n'est pas le cas en 2010 : certains secteurs sont partiellement en grève, d'autres connaissent des grèves de basse intensité, uniquement pour les journées d'action. D'autres salariés se relaient pour assurer la continuité du mouvement, tout en limitant les pertes de salaire."

C'est certainement une des spécificités du mouvement, estime Philippe Corcuff. "On est dans un mouvement polyphonique, composite, les gens vont parfois aux manifestations, parfois non, ils peuvent participer une fois à une action, une autre fois non. On peut entrer et sortir du mouvement à sa guise. C'est une sorte de guérilla sociale, durable et pacifique, dans la majeure partie des cas", explique-t-il.

Les modes d'action ne sont pas nouveau, mais ils puisent dans les expériences des mouvements altermondialistes, comme le démontage du McDonald's de Millau en 1999 ou les Faucheurs volontaires d'OGM. Jeudi, un groupe de syndicalistes à ainsi tenté d'aller murer les locaux du siège de l'UMP à Paris.

Dans les manifestations, certains militants plaident pour un blocage total de l'économie. Une référence indirecte à l'ouvrage L'Insurrection qui vient (La Fabrique), que la police a attribué à Julien Coupat, mis en cause dans l'affaire de Tarnac ? L'idée fait sourire Eric Hazan, éditeur de La Fabrique, mais il y voit un "écho certain".

Pour Guy Groux, la raison d'être de ces modes d'action est plutôt à chercher du côté de la faiblesse du mouvement syndical. "Les syndicats maîtrisent de moins en moins leur base, beaucoup de choses leur échappent, estime-t-il. Les syndicats sont pris dans une contradiction : d'un côté ils appellent à des manifestations répétées et d'un autre côté ils n'arrivent pas à enclencher des grèves reconductibles suivies." "On aurait tort de penser que tout est contrôlé par les directions syndicales", acquiesce Lilian Mathieu.

Comment continuer ? Dans ces conditions, le mouvement peut-il se poursuivre après le vote de la loi, voire après les vacances scolaires ? "Oui, sous la forme d'une mobilisation semi-permanente", assure Philippe Corcuff, qui y voit une comparaison avec le "mai rampant" italien des années 1968-1969, qui s'était étendu sur plusieurs mois, bien au-delà des revendications d'origines.

Depuis les premières journées de mobilisation, les slogans et les affiches ont évolué : aux côtés des mots d'ordre contre la réforme des retraites, les revendications catégorielles et, globalement, le rejet de Nicolas Sarkozy, s'expriment de plus en plus. "Pour beaucoup de gens, ce n'est plus seulement la question des retraites, mais aussi un désir d'en finir avec le cynisme, l'arrogance, l'injustice", s'enthousiasme l'éditeur Eric Hazan.

Au contraire, le chercheur Guy Groux y voit un danger pour les syndicats : "Après les vacances, on va changer de cap. Quand la loi sera entérinée et promulguée, on va entrer dans un autre jeu, celui de contester la démocratie parlementaire par la démocratie sociale." Il pointe également un risque de déception chez les militants syndicaux, si le pouvoir ne cède pas d'un pouce.

"Pour l'heure, l'opinion s'est cristallisé derrière le mouvement", prévient Stéphane Rozès. Mais un retournement de l'opinion pourrait être fatal au mouvement. "Les gens sont solidaires mais ils sont aussi des consommateurs, des vacanciers, des automobilistes", énumère Guy Groux, qui pense que les blocages économiques vont provoquer une cassure avec la population. "Le sentiment d'être soutenu par l'opinion est très important pour les syndicalistes. Dans les assemblées générales, on discute de la manière de maintenir cette sympathie", raconte Philippe Corcuff.

Pour l'instant, cette cassure n'a pas encore eu lieu. Stéphane Rozès, comme d'autres, souligne que d'"éventuels débordements provoqueraient une telle rupture avec l'opinion". "Cela pourrait relégitimiser le discours de Sarkozy sur la sécurité", prévient Philippe Corcuff, qui estime que l'enjeu, pour la suite du mouvement, est plutôt d'arriver à assurer une coordination entre les syndicats de salariés et la jeunesse, en misant sur des modes d'actions "ludiques" et sur l'"inventivité" des militants.

Nabil Wakim

 

 

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22 octobre 2010 5 22 /10 /octobre /2010 13:11
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22 octobre 2010 5 22 /10 /octobre /2010 10:31

Communiqué intersyndical CFDT, CFE/CGC, CFTC, CGT, FSU, UNSA

Paris, le 21 octobre 2010

Les journées du samedi 16 et du mardi 19 octobre 2010 confirment que la mobilisation est ancrée dans la durée à un haut niveau. Ce sont des millions de salariés qui dans le cadre de ces 6 journées d’action depuis début septembre affirment vouloir une autre réforme des retraites juste et efficace et l’ouverture de négociations avec les syndicats.

L’ampleur des mobilisations confirme qu’au-delà de la réforme des retraites, l’emploi, les salaires, les conditions de travail mais aussi l’avenir des jeunes sont restés sans réponses efficaces notamment depuis l’aggravation des situations liée à la crise financière de 2008. Les organisations syndicales conviennent de travailler ensemble sur ces questions dans les semaines à venir afin d’interpeller le gouvernement et le patronat.

Différents sondages réalisés ces derniers jours confirment que le mouvement recueille un très large appui de la population confirmant que c’est par un large débat public et une véritable concertation en amont qu’il faut aborder une réforme importante comme celle des retraites.

Les organisations syndicales appellent leurs organisations à poursuivre leurs mobilisations afin de rassembler le plus grand nombre et d’amplifier le soutien de l’opinion publique. Elles appellent leurs organisations dans les territoires, les entreprises, les administrations à poursuivre les initiatives unitaires. Elles veilleront au respect des biens et des personnes.

Le gouvernement porte la responsabilité pleine et entière de la poursuite de la mobilisation compte tenu de son attitude intransigeante, de son absence d’écoute et de ses provocations à répétition. Il ne peut pas répondre à la situation actuelle par le déni et la répression.

Les organisations syndicales appellent solennellement le gouvernement et les parlementaires à ne pas adopter cette réforme en l’état.

Les organisations syndicales confirment que c’est par un large débat public et une véritable concertation en amont qu’il faut aborder une réforme importante comme celle des retraites.

Fortes du soutien des salariés, des jeunes et d’une majorité de la population et face à une attitude intransigeante du gouvernement et du chef de l’Etat, les organisations syndicales décident de continuer et d’élargir la mobilisation.

Elles décident de deux nouvelles journées de mobilisation :

  • le jeudi 28 octobre : une journée nationale de grèves et de manifestations dans la semaine du vote au Parlement.
  • le samedi 6 novembre : une journée de mobilisations et de manifestations avant la promulgation de la loi par le chef de l’Etat.

Les organisations syndicales se retrouveront le 4 novembre.

 

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22 octobre 2010 5 22 /10 /octobre /2010 10:28
L'intersyndicale ne se met pas en congés

pour Le Monde.fr | 21.10.10 | 20h09  •  Mis à jour le 22.10.10 | 10h19

AFP/PATRICK KOVARIK

 

Au moment où Nicolas Sarkozy affiche une fermeté sans faille face à la contestation de la réforme des retraites, et où le gouvernement tente d'accélérer le vote du Sénat, l'intersyndicale CGT-CFDT-CFTC-CFE/CGC-UNSA-FSU refuse de se mettre en congés et de sonner la fin de la fronde. Au terme d'une longue réunion, jeudi 21 octobre, elle a appelé à deux nouvelles journées de mobilisation, le jeudi 28 octobre, dans la semaine du vote définitif de la réforme par l'Assemblée nationale, et le samedi 6 novembre, en en faisant porter la "responsabilité pleine et entière" à l'"attitude intransigeante" du gouvernement.

Elles appellent leurs organisations à poursuivre dans les entreprises "les initiatives unitaires" en veillant "au respect des biens et des personnes". La CFE-CGC, qui avait souhaité, par crainte de dérapages, une "pause" dans l'action s'est associée à cet appel à la différence de Solidaires qui participera à ces mobilisations et de FO qui poursuit son cavalier seul tout en se joignant aux manifestations.

 

BATAILLE DE L'OPINION

Les syndicats les plus réformistes, comme la CFDT et l'UNSA, étaient réticents à une nouvelle journée de mobilisation pendant les vacances de la Toussaint, craignant que celles-ci se traduisent, même si une grande majorité de Français ne part pas en congés, par un effritement de la contestation. Dans une déclaration adoptée à l'unanimité par son conseil national (parlement), et rendue publique le 21 octobre, avant la réunion de l'intersyndicale, la CFDT met en avant "un acquis indéniable", celui d'avoir "jusqu'ici gagné la bataille de l'opinion".

"Sondages après sondages, affirme la déclaration, une majorité de Français valide une approche qui est aussi la notre : la nécessité d'une réforme juste et équilibrée. Cela se traduit par un soutien populaire aux manifestations, une confiance en hausse dans les organisations syndicales". Dans ce texte, qui sonne comme un bilan de la mobilisation au moment où on se rapproche du vote définitif de la réforme, la CFDT évoque sa "responsabilité dans l'issue de ce mouvement" et "exige une prise de distance avec toutes formes de radicalité".

CALCULS DE NICOLAS SARKOZY

La CFDT prépare plus que jamais la sortie de crise mais elle tient à préserver coûte que coûte son alliance privilégiée avec la CGT, déjouant au passage les calculs de Nicolas Sarkozy qui espère toujours, grâce à son inflexibilité, briser le front syndical. Comme l'UNSA, elle craint que la radicalisation observée tant avec le blocage des dépôts de carburant que les manifestations de lycéens et d'étudiants complique singulièrement le scénario de sortie de crise.

Elle redoute aussi, au moment où les vacances devraient mettre en veilleuse la fronde des jeunes, que la pénurie de carburant se traduise, si des automobilistes doivent renoncer à leurs projets de congés, par une baisse de l'empathie de l'opinion vis-à-vis du mouvement syndical. Mais la pression pour poursuivre la mobilisation ne vient pas que des organisations les plus radicales, comme Solidaires, FO ou la FSU, elle est aussi exprimée par un syndicat aussi modéré que la CFTC. Et Bernard Thibault, qui n'a jamais appelé lui-même à des grèves reconductibles, ne veut pas en arrêtant les journées interprofessionnelles d'actions, laisser le champ libre aux plus "durs" de sa centrale, dans les dépôts de carburant ou à la SNCF.

PROMULGATION DE LA LOI

Jeudi 21 octobre sur RMC, le secrétaire général de la CGT avait suggéré de "retrouver des temps forts, qui permettent à tout le monde en même temps, le même jour, d'arrêter le travail et de descendre dans la rue". "Il n'y a pas de terrain de sortie possible puisque le gouvernement reste dans son intransigeance ".

L'objectif de l'intersyndicale est donc d'aller le plus loin possible dans la mobilisation. Cette stratégie l'a amené à programmer d'ores et déjà une huitième journée de mobilisation, à travers des manifestations, le samedi 6 novembre, avant la promulgation éventuelle de la loi par Nicolas Sarkozy. La fronde tiendra-t-elle jusque là ?

L'intersyndicale doit se retrouver le 4 novembre. Elle pourrait alors convenir, une fois la loi promulguée, de ranger les banderoles et de proclamer que les syndicats ayant gagné ensemble, et sur la durée, la bataille de l'opinion, la réforme se trouvera entachée d'illégitimité. Elle pourrait aussi s'orienter vers un gel du dialogue social avec le prochain gouvernement…

Michel Noblecourt

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22 octobre 2010 5 22 /10 /octobre /2010 01:22
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Etat de la mobilisation Univ

Notre camarade Sequinot de Lille tient à jour l'état de la mobilisation dans les universités et les IUT. Cliquez sur le lien:

http://www.univ-lille1.fr:80/snesup59-62/mobilisation/

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